Monsieur Visentin ne peint pas et pourtant il sait peindre, ou plutôt il saurait peindre s’il le voulait.
Mais il ne le veut pas. Il écrit.
Il trace de larges et longs rubans lents, affirmatifs, sans l’ombre apparente d’une hésitation, sans repentir non plus ; sans tirer la langue (comme Monsieur Jourdain faisait de la prose).
Noir sur blanc par-dessus tout.
Monsieur Visentin se défend d’être calligraphe – les calligraphes sont Chinois ou Japonais ou encore Arabes, ou parfois instituteurs ; ce qu’ils jettent sur le support est très signifiant, grammaticalement correct, éducatif, moralisant souvent, et constitué de signes convenus et reconnus.
À la réflexion (dans les deux sens du terme), le lecteur de Visentin se demande si ce langage n’est pas une non-écriture, un texte muet ou inaudible, ou plutôt une architecture de vent (comme « Dieu fait avec les nuages »), ou de mer étale.
Monsieur Visentin ne construit ses sous-entendus qu’entre ses lignes ; c’est tout dire et tout lire.
Homer Simpson se croirait devant du papier peint.
Où est le problème ?
Charles Xavier MENAGE (+)
Des « critiques » ont vu dans les peintures de Visentin de gentils reptiles
à l’étroit dans des bocaux sur des étagères.
Devenus serpentins, ces serpents ont pris l’air ;
ils dansent sur les meubles, s’enflamment, ETC.
Le critique est un sot, ou un C...,
en trois lettres également.
« L’effort et la prétention sont partout ; il ne s’y trouve pas une étincelle de naturel » disait Delacroix à propos d’Ingres, et « il n’y a rien qui ressemble à une croûte comme un chef-d’œuvre », et vice-versa
(Gauguin parlant également d’Ingres).
Tout le monde est content ; la critique est
un genre littéraire.
Charles Xavier MENAGE (+)